A travers les destins croisés de ces deux entrepreneurs de la voiture électriques, ce sont deux visions de l’automobile électrique différentes que portent leurs sociétés, Better Place et Tesla Motors.

Elaon Musk et Shai Agassi : destins sur fond de voitures électriques

Destins croisés sur fond de révolution automobile.

La voiture électrique, service ou objet d’exception ?

Ils sont les deux entrepreneurs de la voiture électrique. L’un, Shai Agassi, israélien de 45 ans, a fait ses classes en dirigeant SAP. Il souhaitait commercialiser les voitures électriques sous forme d’abonnement kilométrique sur le modèle des téléphones portables et a créé Better Place en 2007.

L’autre, Elon Musk, a eu pour premier fait d’arme la fondation d’une banque en ligne qui deviendra Paypal, cédée à Ebay en 2002 pour 1,5 milliards de dollars. Elon Musk, 42 ans, voyait dans la voiture électrique une automobile dé-carbonée aux performances et prestations d’exception et à co-fondé Tesla Motors la même année.

Shai Agassi a donc misé sur le service et l’offre commerciale quand Elon Musk s’est attaché à faire de beaux véhicules. Un choix qui a scellé le devenir des projets des deux sociétés de ces sérials entrepreneurs quadragénaires.

Better Place : une offre simple et lisible pour consommer la voiture électrique

Les entreprises ont connu des parcours différents. Autour des années 2010, Better Place a enchainé les augmentations de capital et les signatures de développement international (Danemark, Australie, …). Shai Agassi proposer alors de louer la voiture électrique sous forme d’abonnement dont le prix serait fonction d’un forfait kilométrique mensuel. Better Place, opérateur de mobilité, proposerait la voiture électrique mais aussi les solutions de recharge du véhicule. L’entreprise a ainsi implanté des milliers de bornes de recharges à Israël. La start-up a également construit des stations d’échanges de batteries compatibles avec la voiture électrique de son partenaire Renault (la Fluence ZE) : comme dans une station service classique, il est possible de faire le plein de sa voiture électrique en 5mn! Pourtant, le lancement de son offre commerciale a déçu par ses résultats. Les clients ont été moins nombreux qu’escomptés et le déploiement des bornes de recharge plus long que prévu et fort consommateur en capital. A l’international, le modèle de la station d’échange de batterie s’est avéré difficilement répliquable à l’international. Shai Agassi a ainsi quitté Better Place en octobre 2012 et la société est en liquidation judiciaire depuis le 23 mai 2013.

Tesla Motors : la voiture électrique comme automobile d’exception mais populaire

A l’opposé, Tesla Motors a connu un parcours inverse. Le constructeur automobile a proposé pour premier modèle un Roadster électrique élitiste et vendu à prix d’or (80.000 euros environ). Heureuse surprise, le véhicule s’est très bien vendu. Il a permis au groupe de montrer la qualité de sa technologie. Mieux, avec ce modèle haut de gamme, Tesla à su se construire un univers de marque autour de la performance, de la qualité et de l’innovation et faire quasiment jeu égal avec le goodwill des grands constructeurs. La production du Tesla Roadster a ensuite été stoppé pour passer au choses sérieuses : la Tesla modèle S, une berline électrique racée, a été commercialisé en 2012. Ciblant un public plus large que le Roadster, la Model est proposée à un prix plus compétitif. Encore mieux, ses performances dynamiques restent hors normes. Même l’autonomie, d’environ 350km, fait presque oublier ce talon d’Achille des voitures électriques. Aujourd’hui, Tesla enchaine les records : le cours de son action a explosé et la Model S se vendrait mieux que les voitures de luxe BMW ou Mercedes aux Etats-Unis. Tesla s’est même payé le luxe de rembourser au gouvernement américain un prêt avec 9 ans d’avance! Tesla s’engage également dans le développement d’un réseau de bornes de recharge rapides pour les voitures électriques aux Etats-Unis. L’échec du modèle de l’échange de batteries Better Place n’en est que plus criant. A l’avenir, le constructeur prévoit d’accélérer son développement avec le lancement envisagé d’un voiture électrique pour la ville, à destination d’un public encore plus large.

La vision Tesla Motors de l’automobile électrique se répand

Le destin semble donner raison au chemin initié par Elon Musk avec Tesla Motors. La voiture électrique semble d’abord devoir être considérée comme une automobile. De fait, elle n’échappe pas aux codes du secteur et doit se montrer performante, qualitative et inspirer le rêve et la séduction. La voiture électrique permet également une approche plus rationnelle de la consommation de la mobilité. En la matière, des innovations incrémentales à partir du véhicule son possible à destination d’un nouveau public ou pour adresser un marché de niche (Autolib’ par exemple). En revanche, la révolution totale, rapide et généralisée de la mobilité individuelle portée par Better Place semble être une ambition hors d’atteinte.

Une convergence de ces deux visions de la voiture électriques ?

N’enterrons cependant pas le modèle Better Place trop tôt. Son activité pourrait être reprise au moins en partie et l’aventure initiée par Agassi devrait avoir des suites. Ironie de l’histoire, Tesla vient d’ailleurs d’annoncer qu’il allait développer et installer des stations d’échange de batterie pour voitures électriques aux Etats-Unis. Les grands esprits finissent toujours par se rencontrer!


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