Le Solar Impulse 2, incroyable avion solaire, vient d’achever son tour du monde en 100% électrique. Le projet est né de l’intelligence d’un homme, Bertrand Piccard qui a pu le faire devenir réalité en association avec son ami André Borschberg et notamment grâce à une bonne dose de conviction, de persévérance et de rêve. Espérons que les deux partenaires soient, à travers ce projet, les pionniers d’initiatives durables.

solar impulse

Un projet visionnaire aux débuts difficiles

Bertrand Piccard a commencé à faire mûrir ce projet dès 2003. Ce médecin psychiatre, aéronaute, conférencier, président de la fondation humanitaire « Winds of Hope », et ambassadeur itinérant des Nations Unies croit à l’époque dur comme fer en l’intérêt majeur du développement des technologies propres. Il souhaite à tout prix prouver que leur avenir est plus que prometteur et initier une prise de conscience de leur importance. Comment ? En créant un avion innovant qui fonctionnerait exclusivement grâce au captage ainsi qu’au stockage de l’énergie solaire, avec lequel il réaliserait le tout premier tour du monde solaire. La première maquette inspirée de cette idée sors l’année d’après.

Néanmoins, son enthousiasme est à l’époque loin d’être partagé par tout le monde : les sponsors ne se mouillent pas, les financements battent de l’aile et le projet prend de plus en plus de retard. Face à ce manque de fonds, ce ne sont que cinq longues années plus tard que Bertrand Piccard et André Borschberg (entrepreneur, ingénieur et pilote professionnel), parviennent à achever la première version du Solar Impulse. Elle est testée en 2011 lors d’une traversée de la Méditerranée après laquelle les deux partenaires décident de perfectionner l’engin. En 2014 a ainsi lieu le premier vol concluant de la version améliorée : le Solar Impulse 2 est fin prêt pour la grande envolée en 2015. Au total, Bertrand Piccard aura réussi à lever 170 millions de dollars pour une idée jugée au départ complètement folle.

pilotes solar impulse

Solar Impulse 2 : la technologie aérienne du futur

L’avion Solar Impulse 2 n’utilise pas une seule goutte de carburant, il n’en a d’ailleurs absolument pas eu besoin pour réaliser le fameux tour du monde achevé avant-hier. Il s’alimente entièrement en électricité par le biais du soleil, dont les rayons sont captés par quelques 270 m2 de cellules photovoltaiques placées sur ses gigantesques ailes. Ces cellules suffisent à intégrer suffisamment d’énergie, ensuite stockée par 600 kg de batteries au lithium, ce qui lui permet d’effectuer des vols de nuit.

Léger, l’engin de 1,5 tonnes est cependant très sensible au mouvements et turbulences. Il avance tout à fait silencieusement, mais lentement : en moyenne à 70-80 km/h, perché au maximum à 8500 mètres d’altitude.

Bref, une puissante honnête, mais pas forcément suffisante pour le moment pour que le Solar Impulse soit affecté à des vols long-courriers, malgré son autonomie redoutable.

Le tour du monde en 499 jours

Après un périple de 42 000 km démarré en mars 2015 à Abu Dhabi, le Solar Impulse 2 a fait son atterrissage dans ce même émirat le 26 juillet à 4 heures du matin, à la grande émotion de ses deux pilotes Bertrand Piccard et André Borschberg. La durée du voyage, initialement prévue à 5 mois, a été prolongée et les deux pilotes ont survolé le globe en se relayant aux manettes pendant presque 1 an et demi. 16 étapes ont en tout été franchies pour arriver à bout de ce défi. L’avion a traversé l’Asie (5 escales), puis avec plus de difficultés le redoutable Pacifique, qui a mis à mal ses batteries : une escale imprévue a donc dû être nécessaire à Hawai. Cette traversée du Pacifique a toutefois valu à André Borschberg le record du monde du plus long vol en solitaire : 5 jours et 5 nuits lui ont fallu pour parcourir les 9 000 km qui le séparaient d’Hawai. Après ce léger contretemps, le Solar Impulse 2 a repris sa route au-dessus de l’Amérique du Nord, puis de l’Atlantique : Bertrand Piccard était cette fois-ci aux commandes et a valeureusement franchi 6 300 km en 3 jours (New York – Séville), sans escales et surtout sans aucun problème.

Forces de la nature, les deux pilotes tout juste ou quasiment sexagénaires tenaient la route, parfois très longuement, dans un étroit cockpit de 3,8 mètres carrés, ni chauffé, ni d’ailleurs climatisé. A ces conditions difficiles s’ajoutaient le manque de sommeil, la solitude, l’engourdissement… L’exploit en est d’autant plus admirable.

Le Solar Impulse ou, comme son nom l’indique, l’impulsion vers d’autres actions, vers une prise de conscience ?

Au travers de cette expérience, les deux aventuriers souhaitaient par-dessus tout inciter à prendre des initiatives, à croire en ses idées, à se sensibiliser à la grande cause de la protection de notre planète. Bertrand Piccard a d’ailleurs déclaré que “nous ne devrions pas accepter que le monde soit pollué par peur de penser différemment.

Ce dernier pense, avec le Solar Impulse 2, ouvrir la voie au développement des avions électriques pour les vols moyen-courriers. Silencieux, ces avions pourraient atterrir en milieu urbain et accroître considérablement le trafic tout en réduisant les émissions polluantes de façon notable. Etre rentable économiquement tout en étant respectueux écologiquement; c’est bien possible, Bertrand Piccard le rappelle : “Il est important de protéger l’environnement, mais sans nuire à la qualité de vie et au développement économique. Je ne crois pas à la décroissance, je pense juste que notre monde doit apprendre à fonctionner autrement.” Toujours à propos du Solar Impulse 2, André Borschberg a évoqué l’idée d’adapter sa technologie pour le métamorphoser en satellite atmosphérique gestionnaire de télécommunications.

Outre le déploiement des avions électriques et l’adaptation du Solar Impulse, Bertrand Piccard et André Borschberg ont poursuivi leur quête en faveur du développement durable avec la création du ICCT (Comité international pour les technologies propres), une organisation dédiée à réunir un maximum d’associations environnementales pour leur donner de la voix et davantage de poids politique. 400 structures sont aujourd’hui réunies autour de ce projet synergique.


Pin It