Les pneus automobiles sont également une source majeure de pollution. Une étude d’Agir pour l’Environnement dévoile l’ampleur des particules rejetées directement à la nature, qu’il s’agisse de voitures thermiques ou électriques.

Une étude accablante sur la pollution des pneus des voitures

L’association Agir pour l’Environnement a récemment publié une enquête exclusive sur la pollution de l’air causée par les pneus. Pour cette étude, des tests ont été réalisés sur deux véhicules : une Fiat 500 thermique et une Tesla Model 3 électrique. Les chercheurs ont mesuré les particules fines et ultrafines émises par l’usure des pneus dans différentes conditions, notamment en ville et sur route. Cette méthodologie a permis de comparer l’impact de véhicules de tailles, de masses et de motorisations variées.

Des résultats alarmants en matière de particules rejetées dans la nature

Les conclusions de l’étude sont sans appel : l’usure des pneus est une source importante de particules polluantes, souvent sous-estimée. Les particules libérées sont non seulement nocives pour l’environnement, mais aussi pour la santé, en raison de leur taille microscopique capable de pénétrer les voies respiratoires. Sur les deux véhicules testés, les émissions de particules des pneus étaient similaires, voire supérieures à celles des gaz d’échappement des voitures thermiques modernes. Ce constat met en lumière un problème commun, indépendamment de la motorisation.

 

L’impact environnemental des voitures thermiques et électriques

Les voitures électriques, bien qu’exemptes d’émissions directes de COâ‚‚, ne sont pas sans impact. Leur poids, souvent plus élevé en raison des batteries, accélère l’usure des pneus, amplifiant ainsi la pollution particulaire. Bien que leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique soit significative, elles ne résolvent pas entièrement les problèmes liés à la qualité de l’air, surtout dans les zones urbaines, et sont a égalité avec les voitures thermiques sur les rejets de particules de polymères (plastiques) et d’hydrocarbures dans la nature.

Les quantités de particules émises par une voiture par km parcouru 

Combien une voiture émet elle de particules plastiques dans l’environnement par km ? Cette question trouve un début de réponse dans l’étude Agir pour l’environnement.

Selon les résultats de l’étude Agir pour l’environnement, on peut considérer qu’un véhicule électrique ou thermique émet de l’ordre de 100 mg de particules de gommes par kilomètre, pour les 4 pneumatiques. Cela représente 4 kg de particules rejetées à la nature pour 40 000km : un vrai désastre écologique. Cs particules se retrouvent ainsi dans les sols, la chaine alimentaire et polluent le cyclent de l’eau.

Une voiture légère comme la Fiat 600e est plutôt autour de 65mg de particules par kilomètre, là où un véhicule plus lourd comme la Tesla Model Y est à 151 mg/km. 

 

Les autres polluants émis par un voiture thermique par km

Les niveaux de polluants émis par un véhicule thermique ou électrique sont également à comparer à ceux émis par la combustion des énergies fossiles par les voitures thermiques. Le rapport IFP Energies Nouvelles dresse les émissions de polluants en usage réel des véhicules répondant à la norme Euro 6d-TEMP (des voitures récentes) qui sont estimés en moyenne par km à :

Pollution d’une voiture par km Essence  Diesel
NOx (mg/km) 20 89
CO (mg/km) 434 83
Particules fines 23nm (#/km) 1,60E+11 1,10E+10
HC (mg/km) 19 24
Particules très fines PN10 (#/km) 2,30E+11 6,00E+10
NH3 (mg/km) 15 11

NOx : le dioxyde d’azote (NO2) est un gaz nocif pour la santé respiratoire à court et à long terme. Dans les métropoles il est essentiellement émis par les véhicules essence et diesel. En Ile-de-France, la quasi totalité de la population est exposée à des concentrations supérieures aux seuils réglementaires ainsi qu’aux recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air.

CO : le monoxyde de carbone se fixe à la place de l’oxygène sur l’hémoglobine dans le sang. À fortes teneurs et en milieu confiné, le monoxyde de carbone cause des intoxications oxycarbonées provoquant des maux de tête, des nausées, des vomissements et des vertiges, voire le coma ou la mort pour une exposition prolongée. En ville, le monoxyde de carbone est impliqué dans la formation d’un autre polluant : l’ozone de basse altitude. Lorsqu’il s’oxyde, cela aboutit à la formation de dioxyde de carbone (CO2), un des principaux gaz à effet de serre induisant le dérèglement climatique.

HC : les hydrocarbures imbrûlés participent à la formation d’ozone et indirectement à l’effet de serre. Certaines d’entre elles sont cancérigènes.

NH3 : l’ammoniac sous sa forme gazeuse est incolore et son odeur est piquante. Ce gaz est plus léger que l’air. C’est un déchet dangereux pour l’environnement et la santé qui peut provoquer des brûlures et des irritations pulmonaires. L’ammoniac est un polluant également émis dans le cadre agricole lors de l’épandage des lisiers provenant des élevages d’animaux, mais aussi lors de la fabrication des engrais ammoniaqués. En ville, c’est également un précurseur de particules très fines.

Vers une prise de conscience globale de la pollution des pneumatiques des voitures

Ces résultats interpellent sur la nécessité de regarder au-delà des émissions de CO₂ pour évaluer l’impact environnemental des voitures. La solution ne réside pas uniquement dans l’électrification des transports, mais aussi dans une réduction globale de la dépendance automobile et de la masse des véhicules. Le développement des transports en commun, la promotion du vélo et la recherche de matériaux de pneus moins polluants sont autant de pistes à explorer pour limiter l’impact de nos déplacements.

Rappelons également que les entreprises doivent publier leurs émissions de polluants dans le cadre de la directive européenne CSRD. L’usage de voiture constitue souvent la principale source d’missions de produits dangereux, toxiques et polluants dans la nature pour des entreprises de services. Celles-ci sont tenus de publier leur émissions automobiles (gaz et particules de pneumatiques rejetés à la nature) dans leur rapport de durabilité.

Conclusion : repenser la mobilité durable

Cette enquête d’Agir pour l’Environnement met en lumière une problématique souvent ignorée. Si les voitures électriques représentent une avancée majeure, elles ne suffisent pas à rendre nos déplacements totalement propres. Une mobilité durable doit prendre en compte toutes les sources de pollution, y compris celles issues des pneus. De part leur efficacité énergétique, les transports en commun et les modes doux seront toujours très largement moins polluants que les voitures.

 

 

 

 

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