Le diesel n’en finit pas de faire polémique. En France, on sait depuis 1983 que l’exposition aux particules des voitures diesel tue : allergies, maladies respiratoires, troubles cardio-vasculaires… au delà de l’environnement, le diesel est un poison pour la santé publique. Pourtant, la convergence d’intérêt des hommes politiques, des constructeurs automobiles et de certaines professions comme les routiers a contribué à l’essor du diesel en France.

La pollution de la voiture diesel

Le diesel est une particularité de notre pays, relique d’un passé qu’il faut aujourd’hui dénoncer…

Routiers et hommes politiques : responsables du scandale sanitaire du diesel

A l’origine, le diesel était un carburant réservé à ceux qui roulent beaucoup. C’est un carburant qui coute aussi cher que l’essence à produire mais qui a bénéficié d’un régime fiscal particulier à la destination de certaines professions. Les routiers, gros utilisateurs de ce carburant, sont la principale cause de cette niche fiscale sur le diesel, dont ils bénéficient : ils bloquent le pays à chaque soubresaut des prix du pétrole. Avec les agriculteurs et les taxis, ils représentent une capacité de nuisance et blocage colossale devant laquelle les hommes politiques se sont souvent abaissés. L’intérêt particulier de ces professions a donc souvent primé devant l’intérêt général.

Blocage routier prix diesel

Les constructeurs automobile et le lobby diesel

De leur côté, les constructeurs automobiles ont également largement contribué à faire le jeu du diesel. On peut ainsi ajouter à la liste des contributeurs du scandale français autour du diesel le groupe PSA. Jacques Calvet, PDG du constructeur automobile de 1983 à 1997, a invité François Mitterand à maintenir et développer l’avantage fiscal du diesel. L’intérêt était de créer le marché de l’automobile diesel en France pour y développer un savoir-faire industriel en avance sur la concurrence internationale. Cette « distorsion » du marché intérieur ayant pour seul vision la rente industrielle était à minima un manque de prise de conscience de l’état de la science de l’époque, puisque le danger du diesel était connu depuis 1983.

Dominique Voynet, ministre de l’environnement de 1997 à 2001, dénonce ainsi le poids du lobby automobile sur le véhicule diesel, avec M Calvet en tête. Corine Lepage, ministre de l’environnement de 1995 à 1997, dénonce également le poids du lobby diesel dans le démantèlement de la loi sur l’air.

Conséquence : la France dépendante au diesel

Conséquence de cette politique de l’absurde, les voitures diesel représentent 60% des ventes de l’industrie de l’automobile en France (contre 3% des véhicules en 1980). La demande intérieure en diesel est tellement importante que notre pays en importe beaucoup. A l’inverse, nous exportons de l’essence vers les Etats-Unis et le Nord de l’Europe. Une absurdité pour la balance des paiements de la France, déjà rendue déficitaire par l’économie du pétrole.

diesel et essence en france

Les automobilistes : coupables et victimes

Les automobilistes sont eux-mêmes les premières victimes de pollution diesel. Les prises d’air des ventilations des véhicules font qu’ils absorbent en ville des quantités de particules invraisemblables. Il y a une forme d’égalité des français face au drame sanitaire : les enfants assis à l’arrière d’un confortable Audi Q7 diesel respirent autant de particules fines que le conducteur d’une voiture électrique!

filtre à particulesLe mythe du filtre à particule

Même l’efficacité du filtre à particules, obligatoire en Europe sur les voitures diesel depuis 2011, semble avoir un effet limité. Le filtre à particule s’encrasse dans le temps et perd en efficacité. Par ailleurs, les molécules se recombinent après la sortie du pot pour former des particules encore plus fines et diffuses.

 

Le Japon fait payer les coupables et la société se détache du diesel

Au Japon, la société a pris conscience du scandale du diesel. Les coupables sont sur le banc des accusés et l’état a pris des mesures correctives d’urgence pour limiter la consommation de cette pollution dangereuse. Les véhicules diesel sont interdits des grandes villes et les constructeurs automobiles ont dû indemniser les victimes à hauteur de 800 millions d’euros. Plus aucun véhicule diesel ne se vend dans ce pays.

En Europe, de nombreux pays ont pris des mesures contraignantes pour les voitures diesel. Ces voitures n’ont même plus le droit de circuler dans les centres de Milan et d’Athènes. La France, avec l’Espagne, reste à la traine.

Comment sortir la France du diesel?

Les idées sont simples et pragmatiques pour sortir la France du diesel et limiter ses effets sanitaires en ville. Elles ne demandent qu’un minimum de courage politique et d’honnêteté intellectuelle des professions qui se sont rendues dépendantes au diesel. Par exemple :

  • interdire les voitures diesel des grands centres urbains, comme au Japon, dont l’industrie automobile était pourtant très impliquée dans ce type de moteur,
  • supprimer la niche fiscale du diesel, en alignant sa fiscalité sur celle de l’essence,
  • arrêter la consommation de l’intelligence des ingénieurs français dans la motorisation diesel ou hybride diesel, pour l’orienter vers les véhicules propres, comme au Japon : véhicules hybrides, voitures électriques, hydrogène et pile à combustible.

Pour en savoir plus, vous pouvez voir le brillant reportage de France 5 : Diesel, le scandale français, ou lire notre manifeste pour une hausse durable du prix de l’essence et du diesel.


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