On peut lire dans les journaux qu’une voiture thermique pollue plus à 30km/h qu’à 50km/h. La mauvaise compréhension de l’étude Cerema par les journalistes aboutit à ce contresens largement relayé à l’heure où Paris limite la vitesse des voitures à 30km/h. Explications…
Pollution en fonction de la vitesse des voitures

La pollution émise par une voiture est complexe, elle dépend notamment de la température du moteur, de la qualité de combustion, du niveau de sollicitation du moteur, etc… Elle dépend aussi des polluants considérés. Mais toutes choses égales par ailleurs la pollution d’une voiture va varier en fonction de la vitesse :
  • plus on roule vite, plus il faut d’énergie pour maintenir la vitesse constante,
La limitation de vitesse va également impacter le niveau de consommation, et donc de pollution :
  • plus la vitesse de circulation est élevée, plus il faut d’énergie pour accélérer et atteindre cette vitesse, à chaque redémarrage.
De manière évidente, une voiture pollue donc plus à 50 km/h qu’à 30 km/h, car elle consomme plus d’énergie.

Mais alors pourquoi l’étude Cerema dit qu’une voiture thermique pollue plus à 30km/h qu’à 50km/h ?

Et bien en fait l’étude Cerema ne dit pas cela. L’étude Cerema compare le CO2 et pollutions émises en fonction de la vitesse moyenne des trajets. Comme l’explique le document, « Pour la prise en compte du facteur vitesse, le facteur d’émission est issu de mesures réelles des émissions à partir de

cycles de conduite représentatifs de conditions réelles de circulation (avec différentes phases de vitesse, freinage et accélération). »

Elle ne compare donc pas la pollution d’un véhicule qui roulerait de manière constante à 50km/h avec un véhicule qui roulerait à 30km/h dans des conditions identiques, mais la pollution engendrée dans des trajets différents en fonction de la vitesse moyenne.

Pas clair ?  Par exemple, pour les trajets effectués à 30km/h en moyenne, vous retrouvez dans l’étude Cerema des trajets en ville avec beaucoup d’arrêts et de démarrages, ainsi que par exemple une trajet sur l’autoroute en période de forte congestion, dès lors que la vitesse moyenne du trajet aura été de 30 km/h.  Dans les trajets à 70 km/h, vous retrouverez par exemple des trajets sur route nationale en configuration fluide. La vitesse moyenne n’a donc pas de rapport avec la vitesse de croisière.
L’enseignement de l’étude Cerema confirme donc que les voitures consomment plus dans des cycles urbains (mais on le sait déjà lorsque l’on regarde les consommations normalisées des véhicules) ou lorsqu’il y a des bouchons, car il y a beaucoup d’arrêts et de redémarrage, ou encore lorsque les trajets sont plus courts, saccadés et donc en proportion effectués plus longtemps avec un moteur froid, etc.

Et la limitation de vitesse à Paris dans tout cela ?

L’utilisation de l’étude sur les vitesses moyennes et la pollution des voitures dans le débat sur la limitation de vitesse à 30km/h à Paris est donc malencontreuse. De toute façon, la vitesse moyenne des voitures est déjà à Paris de 18km/h, une zone de vitesse moyenne qui n’est pas couverte par l’étude !
On peut supposer que réduire la vitesse à 30km/h réduit la pollution, car la voiture dépense moins d’énergie que pour monter à 50km/h avant de s’arrêter au prochain feu rouge ! Par ailleurs, il y a les effets positifs induits par la réduction des vitesses sur la pollution sonore, la pratique plus agréable pour des modes doux (vélos, etc.)… La diminution de la pollution liée à la mobilité nécessite des changements d’habitudes, de routine, de culture de la mobilité qui mériteraient au moins que les journalistes fassent preuve d’un minimum de bon sens… ou de bonne foi !

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